Les kystes de la glande de Bartholin : une affection vulvaire fréquente à ne pas négliger


Les kystes de la glande de Bartholin sont une pathologie gynécologique très répandue qui concerne une femme sur 50, principalement entre 20 et 30 ans. Souvent bénins, ces kystes peuvent néanmoins engendrer une gêne importante au quotidien et, dans certains cas, se compliquer d’une infection et évoluer vers un abcès douloureux. Cet article vous explique en détail ce que sont les glandes de Bartholin, comment se forment les kystes, quels en sont les symptômes et les options thérapeutiques.

Anatomie et fonction des glandes de Bartholin

Localisation et structure


Les glandes de Bartholin, également appelées glandes vestibulaires majeures, sont deux petites glandes situées de part et d’autre de l’orifice vaginal, profondément enfouies dans l’épaisseur des grandes lèvres de la vulve. De forme arrondie et de très petite taille (quelques millimètres), elles ne sont pas palpables en temps normal. Chaque glande est reliée au vestibule vulvaire par un canal excréteur.

Rôle physiologique


Les glandes de Bartholin font partie des glandes qui participent à la lubrification vaginale. Elles sécrètent un mucus fluide et transparent qui est libéré dans le vestibule vulvaire lors de l’excitation sexuelle, via les canaux excréteurs. Ce mucus facilite la pénétration et les mouvements du pénis dans le vagin lors du rapport sexuel.

Physiopathologie des kystes bartholiniens

Mécanisme


Un kyste de la glande de Bartholin se forme lorsque le canal excréteur de la glande s’obstrue, empêchant l’évacuation du mucus. Celui-ci s’accumule alors dans la glande qui se dilate progressivement et forme une poche liquidienne, appelée kyste. Le kyste refoule les tissus environnants et devient palpable lorsqu’il atteint une certaine taille (généralement 1 à 4 cm).

Causes


Dans la majorité des cas, la cause de l’obstruction canalaire n’est pas identifiée. Plusieurs hypothèses sont évoquées :

  • Épaississement et kératinisation de la muqueuse du canal (cause la plus fréquente)
  • Inflammation locale
  • Traumatisme lors d’un accouchement ou d’un rapport sexuel
  • Infection bactérienne ascendante, très rarement une IST (Chlamydia, gonocoque)

Les facteurs favorisants ne sont pas clairement établis. Les kystes bartholiniens surviennent le plus souvent chez la femme jeune, entre 20 et 30 ans, nullipare. Le risque diminue après 30 ans et ils sont exceptionnels après la ménopause.

Complications

La principale complication des kystes bartholiniens est la surinfection, qui transforme le kyste en abcès. Cela survient dans 15 à 20% des cas. L’abcès est le plus souvent dû à des bactéries de la flore vulvo-vaginale comme Escherichia coli, des streptocoques ou des staphylocoques. Le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM) est de plus en plus souvent en cause.

Les autres complications sont rares :

  • Rupture du kyste avec écoulement du mucus
  • Récidive du kyste après traitement
  • Dégénérescence en cancer (adénocarcinome) dans moins de 1% des cas après 40 ans

Diagnostic clinique et paraclinique

Circonstances de découverte


Les kystes bartholiniens sont le plus souvent découverts de façon fortuite par la patiente qui palpe une grosseur sur sa vulve, ou par le médecin lors d’un examen gynécologique systématique. Lorsqu’ils sont symptomatiques, c’est la gêne ou la douleur qui amènent à consulter. Les abcès se manifestent par une douleur brutale, intense, pulsatile, associée à une fièvre.

Examen clinique


L’examen de la vulve retrouve une tuméfaction arrondie, lisse, bien limitée, située dans la région postéro-latérale de la vulve, près de l’orifice vaginal. Sa taille est variable, le plus souvent entre 1 et 4 cm. Elle est souvent asymptomatique mais peut être sensible à la palpation. La mobilisation est généralement possible. Dans le cas d’un abcès, la tuméfaction est tendue, très douloureuse, rouge et chaude. Une cellulite peut s’étendre au tissu vulvaire adjacent. Les aires ganglionnaires inguinales sont recherchées.

Examens complémentaires


Aucun examen complémentaire n’est nécessaire pour le diagnostic des kystes bartholiniens typiques. Si un écoulement vaginal est associé, des prélèvements bactériologiques à la recherche d’IST peuvent être réalisés. En cas d’abcès, une analyse bactériologique du pus avec antibiogramme est recommandée.

Chez les femmes de plus de 40 ans, une échographie pelvienne et une biopsie sont souvent proposées pour éliminer un cancer vulvaire sous-jacent, en particulier en cas de kyste fixé, de croissance rapide ou d’antécédents d’HPV.

Traitement médical et chirurgical

Abstention thérapeutique


Chez la femme jeune, les kystes bartholiniens asymptomatiques et de petite taille (< 3 cm) ne justifient pas de traitement particulier en dehors d’une surveillance. Ils peuvent régresser spontanément.

Traitement médical


En cas de kyste symptomatique (gêne, inconfort), des bains de siège à l’eau chaude 2 à 3 fois par jour pendant 10 à 15 min permettent de soulager, d’assouplir la peau et de favoriser l’ouverture naturelle du kyste. Des antalgiques ou AINS par voie orale peuvent être utilisés pour la douleur.

Traitement chirurgical


Si les symptômes persistent ou s’aggravent malgré le traitement médical, une prise en charge chirurgicale est indiquée.

  • Marsupialisation : après anesthésie locale, le kyste est incisé, vidé de son contenu mucoïde puis les berges sont suturées de façon à créer une poche ouverte vers l’extérieur. Un pansement est laissé en place quelques jours. Cette technique a l’avantage de préserver la glande et d’éviter les récidives.
  • Pose d’un cathéter (Word) : un petit cathéter est introduit dans le kyste après l’avoir vidé et reste en place 4 à 6 semaines. Il permet un drainage prolongé du kyste en maintenant un trajet fistuleux.
  • Exérèse de la glande : l’ablation complète de la glande bartholinienne est réalisée sous anesthésie générale. Elle est le plus souvent réservée aux kystes récidivants et aux femmes de plus de 40 ans (risque de cancer). Le risque de complications (hémorragie, infection, dyspareunie) est plus élevé.

Cas particulier des abcès


La prise en charge des abcès bartholiniens repose sur l’association d’une antibiothérapie, d’antalgiques et d’un drainage chirurgical en urgence

. L’antibiothérapie est débutée empiriquement par voie intraveineuse (amoxicilline-acide clavulanique, céphalosporines, fluoroquinolones) puis adaptée à l’antibiogramme. Elle est poursuivie 7 à 14 jours par voie orale. Le drainage de l’abcès est réalisé sous anesthésie locale ou générale, par incision simple ou marsupialisation. La pose d’un cathéter de Word est contre-indiquée en raison du risque infectieux.

Prévention et conseil aux patientes

Mesures d’hygiène


Il n’existe pas de mesure préventive spécifique pour éviter la survenue des kystes bartholiniens. Certaines règles d’hygiène peuvent cependant être conseillées :

  • Toilette vulvaire quotidienne à l’eau et au savon doux, sans parfum ni antiseptique
  • Essuyage d’avant en arrière après être allée aux toilettes
  • Port de sous-vêtements en coton et pas trop serrés
  • Éviter les douches vaginales et les déodorants intimes
  • Utilisation de préservatifs pour réduire le risque d’IST

Consultation précoce


Il est important d’encourager les patientes à consulter dès l’apparition d’une grosseur vulvaire, même asymptomatique. Un diagnostic et une prise en charge précoces permettent de limiter les complications et d’adopter l’attitude thérapeutique la plus conservatrice possible.

Suivi et surveillance


Après un épisode de kyste ou d’abcès bartholinien, un suivi gynécologique régulier est recommandé, en particulier chez les femmes de plus de 40 ans qui ont un risque accru de cancer vulvaire. Toute récidive ou anomalie à l’examen clinique doit faire l’objet d’explorations complémentaires.

Conclusion


Les kystes et abcès des glandes de Bartholin sont une pathologie très fréquente chez la femme jeune, source d’inconfort et parfois de complications douloureuses. Si les formes asymptomatiques ne nécessitent pas de traitement, les formes symptomatiques ou compliquées justifient une prise en charge médicale et souvent chirurgicale. L’objectif est de soulager les symptômes, d’éviter les récidives et de préserver au maximum la glande en raison de son rôle dans la lubrification vaginale. Chez la femme de plus de 40 ans, la crainte d’une dégénérescence maligne impose des explorations plus poussées et une exérèse chirurgicale large. Dans tous les cas, un suivi gynécologique régulier est indispensable.
En cas de doute ou d’inconfort vulvaire, n’hésitez pas à consulter rapidement votre médecin ou votre gynécologue. Un examen clinique de la vulve et quelques examens complémentaires simples permettront de poser le diagnostic et de vous proposer le traitement le mieux adapté à votre situation. Avec une prise en charge adéquate, les kystes bartholiniens ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir !

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